Les propos de Laurent Wauquiez sur le Medef et la CPME ont choqué dans leur forme. Les élus patronaux ont pu être blessés par ce qui ressemble à du mépris pour leur engagement. Certains ont rappelé qu’ils étaient bénévoles et se consacraient sans compter à leurs fonctions.
Tout ceci est vrai. Mais la dureté des propos incriminés et leur accueil souvent approbateur révèlent une situation inacceptable. Inutile de le nier ou de le relativiser : les organisations patronales et les syndicats de salariés bénéficient d’importants financements publics et paritaires. L’Etat, les caisses de sécurité sociale et les collectivités locales versent des subventions et des indemnités. Des organismes paritaires comme l’assurance chômage contribuent au financement du patronat et des syndicats. Les partenaires sociaux reçoivent le produit de taxes les finançant directement. Pire encore, car souvent sans encadrement, des organismes de protection sociale, de formation ou autres financent les organisations censées les contrôler avec du sponsoring, de la publicité, de l’achat de publications ou d’autres « services ». Et surtout côté syndical, des permanents sont pris en charge par d’autres structures que celles auxquelles ils se consacrent.
Pour des chefs d’entreprises, ces pratiques devraient être intolérables. Les organisations les représentant ne devraient vivre que des cotisations de leurs adhérents et des produits de leur patrimoine. Faire contribuer contre leur gré des entreprises au financement d’organisations qu’elles n’ont jamais choisies devrait être impensable. Tout comme il est incohérent de dépendre en partie de subventions publiques ou de taxes diverses et de demander en même temps à l’Etat de moins dépenser et de moins taxer.
L’indépendance financière des organisations d’entreprises est une exigence absolue. C’est aussi la condition de leur indépendance politique : comment assurer librement la promotion et la défense de l’entreprise si on doit son existence aux subsides relevant de la puissance publique ?
Après bien d’autres séquences pénibles, « l’affaire Wauquiez » renvoie une image déplorable de nos organisations. Il serait ravageur de l’ignorer et de ne pas réagir.
Candidat à la présidence du Medef, je propose qu’il n’y ait plus aucun lien financier possible entre structures publiques et paritaires d’une part, organisations d’entreprises et de salariés d’autre part. C’est la condition indispensable de notre renouveau.